Qui a droit au complément de ressources ?
Écoute
L’Allocation pour adultes handicapés (AAH) est une aide financière qui permet aux personnes handicapées d’accéder à un minimum de ressources. La demande est faite au MDPH, mais l’allocation est versée par un organisme débiteur différent (Fonds d’allocation familiale ou Mutualité sociale agricole).
Lire également : Qui reprend des vieux meubles ?
Depuis le décret n° 2021-527 du 29 avril 2021 relatif à la réévaluation de l’allocation pour adultes handicapés, le montant maximum de l’AAH est fixé à 903,60€.
Conditions d’éligibilité pour l’AAH
Lire également : Quel sérum à 60 ans ?
Pour bénéficier de l’AAH, vous devez avoir un taux d’invalidité d’au moins 80 %. Ce taux d’invalidité correspond à la gravité de votre handicap. Si votre taux d’invalidité se situe entre 50 et 79 %, la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) du MDPH doit également vous reconnaître comme une restriction substantielle et durable de l’accès à l’emploi.
Vous devez également avoir au moins 20 ans, et résider en France de manière stable. De plus, vos ressources annuelles ne doivent pas dépasser certaines limites, fixées par décret.
Exemple : si vous vivez seul sans enfants à charge, vos ressources annuelles ne doivent pas dépasser 10 843€ pour être éligible à l’AAH.
Garanties de ressources : les compléments de l’AAH
L’AAH peut être combiné à d’autres garanties de ressources :
- l’augmentation de la vie autonome (MVA) ;
- les ressources supplémentaires.
Ce sont deux aides qui complètent votre AAH si votre taux d’invalidité est au moins égal à 80 %. Vous ne pourrez pas bénéficier de la MVA ou des ressources supplémentaires si votre taux d’invalidité est inférieur ou égal à 79 %.
Supprimer les ressources supplémentaires
Il est important de noter que depuis la loi n° 2018-1317 du 28 décembre 2018 relative aux finances pour 2019, les ressources supplémentaires ont été supprimées. Depuis le 1er décembre 2019, il est impossible de faire une nouvelle demande.
Toutefois, pour toute personne bénéficiant de l’AAH avant le 1er décembre 2019, il est possible de conserver les ressources supplémentaires jusqu’en 2029, à condition de ne pas perdre ses droits sur l’AAH, et de remplir les conditions pour les ressources supplémentaires.
Conditions d’éligibilité pour les ressources supplémentaires
Avant le 1er décembre 2019, pour recevoir les ressources supplémentaires nécessaires pour terminer votre AAH, vous deviez :
- avoir un taux d’invalidité d’au moins 80 % ;
- avoir une capacité de travail inférieure à 5 % en raison de son handicap, apprécié par la CDAPH ;
- recevoir l’AAH à plein taux ou en complément d’une prestation de retraite, d’une pension d’invalidité ou d’une pension pour accident du travail ;
- vivre dans un logement indépendant.
Exemple : si vous êtes hébergé gratuitement par un ami, vous ne pourrez pas réclamer les ressources supplémentaires de l’AAH.
AAH et
retraite En ce qui concerne l’attribution de l’AAH à l’âge de la retraite, la législation a changé ces dernières années. Il faut distinguer deux situations juridiques.
Retraite avant le 1er janvier 2017
Si vous avez pris votre retraite avant le 1er janvier 2017, c’est l’ancienne loi qui s’applique à votre situation, et donc l’ancien article L. 821-1 du Code de la sécurité sociale.
En principe, si l’âge légal de votre retraite est antérieur à 2017, vous ne pouvez pas bénéficier de l’AAH après votre départ à la retraite.
À titre exceptionnel, si vous n’avez pas droit à une pension de retraite ou à une prestation de vieillesse, vous pouvez continuer à avoir droit à l’AAH, à condition que votre taux d’invalidité soit au moins égal à 80 %. Avant 2017, l’expression « prestation de vieillesse » devait être comprise comme une pension de retraite complémentaire et un âge minimum de vieillesse (Aspa).
Si vous avez droit à une pension de retraite ou à une prestation de vieillesse, l’AAH peut être versé à vous, à condition que les revenus que vous recevez ne dépassent pas le montant maximum de l’AAH. Par conséquent, l’AAH que vous recevez est différentiel : il correspond à la différence entre le revenu que vous recevez et le montant maximum de l’AAH.
Dans le cas présent, l’AAH est considérée comme subsidiaire : elle n’est perçue que si le bénéficiaire ne perçoit pas déjà de prestations de vieillesse. En d’autres termes, si vous ne faites pas valoir votre droit à une prestation de vieillesse en priorité, vous ne pourrez pas demander le maintien de votre AAH. Votre demande de maintien ou de renouvellement de votre AAH ne doit arriver qu’en dernier recours.
Exemple : si vous recevez une pension de retraite très faible et que vous êtes éligible à l’Aspa (Solidarity Allowance for the Elderly) mais que vous refusez d’en faire la demande, l’AAH ne peut pas vous être versée. Si vous ne faites pas de demande d’Aspa en priorité tant que ce droit vous est ouvert, vous ne serez pas en mesure de maintenir votre AAH.
Retraite après le 1er janvier
2017 L’article 87 de la loi n° 2016-1917 du 29 décembre 2016 modifie l’article susmentionné et étend le droit d’attribution à l’AAH. L’AAH est toujours filiale d’une pension de retraite, mais elle n’est plus filiale d’Aspa.
En d’autres termes, une fois que votre taux d’invalidité est d’au moins 80 %, et que votre éventuelle pension de retraite n’excède pas le montant de l’AAH, vous n’êtes plus obligé de faire une demande d’ASPA pour espérer conserver l’AAH.
Ressources supplémentaires pour la retraite
Il est désormais plus facile de bénéficier de l’AAH après la retraite, mais est-il toujours possible de compléter l’allocation avec les ressources supplémentaires ? La loi, sur ce point, est particulièrement incertaine.
Position initiale de l’organe judiciaire
L’article L.821-1-1 du Code de la sécurité sociale, prévoit que « le paiement des ressources supplémentaires pour les personnes handicapées prend fin à l’âge auquel le bénéficiaire est réputé inaptes au travail «, mais aussi que « les ressources supplémentaires seront versées aux bénéficiaires de l’allocation pour adultes handicapés (…) qui reçoivent l’allocation aux adultes handicapés à plein taux ou en sus d’une prestation de vieillesse ou d’invalidité ou d’une pension pour accident du travail.
Depuis longtemps, les autorités judiciaires ont interprété les textes en faveur de la suppression de ressources supplémentaires à partir de l’âge légal de la retraite. Par conséquent, les agences débitrices de l’AAH n’étaient pas obligées de continuer le paiement des ressources supplémentaires après le départ à la retraite du bénéficiaire si l’AAH était maintenu.
Nouvelle position de la Cour de cassation
La Cour de cassation, dans un arrêt du 19 septembre 2019, a procédé à un renversement de jurisprudence et a rejeté cette interprétation. La Cour considère que si la requérante bénéficie de l’AAH en plus d’une prestation de retraite (ASPA ou pension complémentaire), ses ressources supplémentaires ne peuvent être retiré.
La Cour de cassation choisit donc d’accorder la priorité au versement des ressources supplémentaires aux bénéficiaires de l’AAH qui reçoivent cette allocation en plus d’une pension de vieillesse. Elle s’appuie pour cela sur l’article L.821-1 du Code de la sécurité sociale, mais également sur l’article R.821-7-1 de ce même code. Cet article prévoit notamment que le supplément de ressources doit être rétabli si l’AAH est payé en sus de l’ASPA.
La Cour choisit d’élargir l’interprétation des textes en appliquant le rétablissement des ressources supplémentaires lorsque l’AAH peut être versée après la retraite.
Nouvelle solution applicable
L’arrêt de dernier ressort de la Cour d’appel d’Aix en Provence du 29 janvier 2021, qui a suivi celui de la Cour de cassation, a donc affirmé que si le bénéficiaire était reconnu un droit à l’AAH après son départ à la retraite et qu’il remplissait les conditions d’éligibilité au des ressources supplémentaires, il peut continuer à bénéficier de ces ressources supplémentaires .
Le tribunal reconnaît donc maintenant que les ressources supplémentaires peuvent continuer à être versées si vous bénéficiez de l’AAH en plus d’une prestation de vieillesse.
Remarque : les conditions de maintien de votre AAH après votre départ à la retraite ne changent pas. Ils dépendent toujours du fait que votre départ ait lieu avant ou après 2017.
Remboursement de ressources supplémentaires
Le jugement du 29 janvier 2021 va encore plus loin en condamnant la CAF à rembourser les sommes des ressources supplémentaires qu’elle n’avait pas versées. En cas d’erreur de la part de la CAF, vous pouvez donc désormais demander le remboursement des ressources supplémentaires qui ne vous ont pas été versées rétroactivement.
Pour continuer à bénéficier de ressources supplémentaires, ou pour demander un remboursement auprès de la CAF, il est avant tout nécessaire que votre droit à l’AAH soit ouvert après votre retraite. Si vous êtes dans la situation où vous avez pris votre retraite avant 2017 et que vous ne pouvez pas bénéficier de l’AAH, vous ne pourrez pas non plus bénéficier des ressources supplémentaires. Si vous avez pris votre retraite avant 2017 et que vous n’exercez pas votre droit à l’Aspa en priorité, votre AAH ne sera pas maintenue, et par conséquent, vos ressources supplémentaires ne le seront pas non plus.
Attention : toute nouvelle demande de ressources supplémentaires est impossible depuis le 1er décembre 2019. Il est nécessaire que vous receviez les ressources supplémentaires avant cette date pour continuer à les collecter, ou pour demander un remboursement si elles vous ont été prélevées à tort.
Mes-Allocs.fr, octobre 2021.